Philippe de Pastour de Costebelle
Philippe de Pastour de Costebelle | |
![]() Philippe de Pastour de Costebelle, vers 1690-1700 | |
Fonctions | |
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Gouverneur de Plaisance | |
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Monarque | Louis XIV |
Prédécesseur | Daniel d'Auger de Subercase |
Gouverneur de l'Île Royale | |
– | |
Monarque | Louis XIV et Louis XV |
Prédécesseur | Création du poste |
Successeur | Joseph de Monbeton de Brouillan |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Saint-Alexandre (France) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Port-Dauphin, Île Royale |
Père | François-Barthélemy |
Mère | Marie Du Plessis |
Conjoint | Anne de Tour (1704) Anne d'Entremont (1716) |
Enfants | Anne-Catherine, Marie-Josèphe |
Profession | Commandant, colonisateur |
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Philippe de Pastour de Costebelle[1], né en novembre 1661 à Saint-Alexandre en France et mort en octobre 1717 sur l'île Royale. Il est un officier de marine et administrateur colonial français du 17e et 18e siècles. Il est le premier gouverneur de l'Île Royale de 1714 à 1717.
Biographie
Jeunesse et formation
Philippe de Pastour de Costebelle nait début novembre 1661. Il est baptisé le 3 novembre à Saint-Alexandre dans l'actuel département du Gard en France. Il était le second fils de François-Barthélemy, avocat au parlement du Languedoc, capitaine et châtelain des baronnies de Thorrenc et d’Andance en Vivarais, et de Marie Du Plessis, seconde femme de François-Barthélemy. On lui connaît trois frères : l’aîné Louis, les cadets Joseph et Barthélemy, et une sœur nommée Françoise.
Comme la plupart des petits nobles de province, Costebelle fut destiné à l’état militaire. En 1683, on le trouve à Toulon comme garde de la marine. En 1692, il fut nommé lieutenant et désigné pour la compagnie que son frère Louis de Pastour de Costebelle commandait à Plaisance. Costebelle prend le commandement quand son frère repart en France. Là, il fut immédiatement impliqué dans la défense du port contre les assauts navals anglais dans la première guerre intercoloniale, et se lança dans des expéditions de raids contre les colonies anglaises sur l’île de Terre Neuve. Le 13 mars 1695, il est nommé Lieutenant du roi à Plaisance, en remplacement du baron de Lahontan.
Costebelle avait espéré succéder au poste de gouverneur, mais fut plutôt forcé de continuer à jouer le rôle de lieutenant du roi sous Joseph de Monic, puis Daniel d’Auger de Subercase. Monic étant fréquemment absent de la colonie, Costebelle passa beaucoup de temps pendant le mandat de Monic à la tête de Plaisance. En 1702, en attendant l’arrivée de Subercase, Costebelle rallie les défenses de la colonie contre l’expédition de raid du capitaine John Leake qui amène la guerre de Succession d'Espagne à Plaisance.
Subercase arriva pour prendre le commandement en 1703 et adopta une stratégie vigoureuse contre les Anglais. En 1705, il mena une expédition de raids contre les avant-postes anglais qui cherchait à répéter les succès de d’Iberville en 1696. Costebelle a participé à l’expédition, mais a été blessé dans un accident en route et n’a vu aucune action. L’expédition de Subercase fut en partie couronnée de succès, détruisant de nombreuses colonies anglaises. Subercase fut récompensé par le poste de gouverneur de l’Acadie, et Costebelle fut finalement nommé gouverneur de Plaisance en 1706.
Gouverneur de Plaisance
Profitant des expériences agricoles de son prédécesseur, il se trouva possesseur, en prenant ses fonctions, de sept vaches, trois taureaux, quinze brebis et deux béliers, avec un grand corps de logis sur la grève de Plaisance. La colonie était d’ailleurs en pleine expansion : les cultures prenaient bien, de nouveaux colons arrivaient, la pêche saisonnière des Basques et des Malouins n’était point trop gênée par les croisières anglaises ou hollandaises et de nombreux navires relâchaient au port. Pourtant la disette se fit plus d’une fois sentir, quand les convois de Québec ou de France n’arrivaient pas. Costebelle mettait tous ses soins à entretenir le fort Saint-Louis et à en consolider les défenses, car s’il ne craignait guère une attaque par terre du côté des bois où patrouillaient miliciens et Mi’kmaq, il redoutait une action des vaisseaux qui, malgré sa vigilance, auraient pu forcer le goulet. En juin 1708, le gouverneur fut nommé chevalier de l'ordre de Saint-Louis.
En décembre 1708, Costebelle organisa une attaque victorieuse contre les Britanniques à St. John’s (maintenant Saint-Jean). Bien qu’il ait capturé la ville et sa forteresse, il n’avait pas les ressources pour la tenir, et elle a finalement été réoccupée par les Anglais. Par le traité d’Utrecht de 1713, l’île de Terre-Neuve fut remise à la Grande-Bretagne et le roi de France ordonna à Costebelle d’évacuer la colonie au printemps de 1714. Costebelle supervise l’évacuation de Français sujets de Plaisance vers l’Île Royale.
Gouverneur de l'Île Royale
On imagine sans peine les difficultés auxquelles le nouveau gouverneur de l’Île Royale eut à faire face. La première année, 1713–1714, il fallut assurer le logement de plus de 160 personnes au cours de l’hiver. L’évacuation de Plaisance, des autres établissements et des îles Saint-Pierre et Miquelon ne put s’effectuer, par la force des choses, qu’à l’été de 1714. Costebelle lui-même s’embarqua le dernier, à bord du Héros, le 25 septembre 1714. Les vivres manquaient, ainsi que les matériaux pour construire le moindre abri sérieux, et pendant ce temps, de 1713 à 1716, la population atteignit presque 3 000 personnes.
L’année 1716 se passa en activité fébrile pour installer la nouvelle colonie : transport de canons et construction de forts et de logements, rétablissement de la pêche, aménagement des grèves, construction de vigneaux et d’échafaudages, exploration des côtes, balisage des passes. À ces difficultés normales, s’ajoutait l’indécision de la cour de Versailles quant au site du chef-lieu de la nouvelle colonie : après avoir approuvé le choix de Louisbourg, l’on opta soudain en 1715 pour Port-Dauphin où l’on dut effectuer le transfert de l’administration, de la garnison et des principaux services de la colonie. En 1718, cependant, l’on émit l’ordre de ramener tout le capital à Louisbourg. Costebelle demande conseil au célèbre corsaire Pierre Maisonnat pour l'emplacement du futur fort de Louisbourg.
Présidant à tout, Costebelle s’était dépensé sans compter et acheva de ruiner une santé déjà compromise. Il se décida alors à passer en France où il voulait rendre compte au roi de son gouvernement et où l’appelaient des affaires de famille. Parti de Louisbourg le 23 novembre 1716, avec sa femme, il débarqua le 25 décembre à Belle-Isle, d’où il gagna Nantes, puis Paris. C’est à Paris que Mme de Costebelle, le 11 avril 1717, accoucha d’une fille, Marie-Josèphe, baptisée le lendemain en l’église Saint-André-des-Arts. Au mois de juin, les Costebelle étaient à Pont-Saint-Esprit.
Décès
Le 9 août 1717, le gouverneur de l’Île Royale s’embarqua à La Rochelle sur la frégate Atalante pour regagner son poste. En cours de route, sa santé devint si mauvaise qu’il éprouva le besoin de dicter, de son lit, un testament à l’écrivain du bord ; c’était le 6 septembre. Épuisé, il mourut peu après son arrivée à Port-Dauphin, tout au début d’octobre. Il laissait sa veuve dans le plus complet dénuement, car s’il avait bien servi son roi, allant jusqu’à tenir table ouverte de ses deniers pour les officiers anglais prisonniers, il ne s’était guère préoccupé de sa propre fortune. Accablée par des créanciers avides, alors que les remboursements qu’elle se croyait en droit d’attendre n’arrivaient pas, Mme de Costebelle connut une gêne voisine de la misère. Elle repassa en France dès la fin de 1717 pour plaider sa cause auprès du roi et par la suite se retira en Béarn où elle attendit le règlement de ses affaires. Le 20 août 1719, elle convola en justes noces pour la troisième fois avec un seigneur béarnais à l’aise, le chevalier Laurent de Navailles, baron de Labatut.
De nombreux sites et monuments ont été nommés en l’honneur de Costebelle à travers l'Île Royale notamment le lac Costebelle.
Mariages et descendance
Costebelle épousa Anne de Tour, à l’âge de 42 ans à Plaisance, le 1er février 1704. Anne de Tour, fille de Germain de Tour et belle-fille de Le Gouès de Sourdeval.
Costebelle était arrivé veuf à l’Île Royale, mais on ignore quand il perdit sa femme. Il se remaria à Port-Dauphin, le 12 février 1716, donc à l’âge de 55 ans, avec une veuve de 22 ans, Anne Mius d’Entremont, fille de Jacques Mius d’Entremont, deuxième baron de Pobomcoup, et d’Anne de Saint-Étienne de La Tour, tous deux d’anciennes familles d’Acadie.
Philippe de Pastour de Costebelle de son premier mariage avait eu une fille, Anne-Catherine, qui épousa le 2 septembre 1719, à Lyon, Jacques de Bertaut, receveur des gabelles, et qui, devenue veuve, se fit carmélite à Trévoux (Dombes) ; son autre fille, Marie-Josèphe, devait épouser en janvier 1737 François de Rivière, marquis de Giscaro.
Notes et références
- ↑ On trouve parfois son nom orthographié Pasteur de Costebelle.