En Avant !

De Encyclopédie acadienne
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En Avant !
Image illustrative de l’article En Avant !
Partition et chant originaux de l'hymne.

Hymne national de Drapeau acadien République acadienne
Paroles Plusieurs auteurs
1913
Musique Stanislas-Joseph Doucet
1912
Adopté en 15 août 1913
Fichiers audio
En Avant ! (orchestre symphonique)
En Avant ! (version quatuor à cordes)
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En Avant ! est l'hymne national de la République acadienne.

En 1913, Stanislas-Joseph Doucet gagne le concours organisé pour choisir un nouvel hymne national acadien en remplacement de l’Ave Maris Stella, l’hymne national de la République acadienne depuis 1885. L’hymne En Avant ! a été adopté le 15 août 1913 par un décret présidentiel mais avec quelques modifications aux paroles.

Histoire

L'Acadie, en tant que colonie française, a été largement nourrie du caractère sacré des hymnes et des marches, souvent rythmées aux pas des anciens régiments français. Plus tard, ce sont les hymnes religieux qui ont pris place. Il s’est chanté en Acadie de la liturgie chrétienne quantité des hymnes, marches de procession et souvent sur des musiques de très haut calibre. C’est surtout le cas aux grands cantiques de Noël.

Au cours du 19e siècle, les Acadiens ont assez régulièrement puisé dans les chants de rassemblement, le plus connu étant À la claire fontaine, relique de l’ancienne France. On ne dénombre pas moins de 13 autres chants patriotiques ayant eu à un moment ou l’autre, chacun avec ses mots, une mission de rassemblement ou d’appartenance.

Au tournant de la Révolution française, en rupture avec leurs anciens repères culturels et identitaires, plusieurs Acadiens sympathisaient avec leurs confrères et consœurs français. L’hymne national français La Marseillaise se faisait de plus en plus résonner dans la colonie acadienne. Cet hymne fut utilisé d’une manière sporadique lors de certaines activités protocolaires dans la capitale Anville.

Ave Maris Stella

Suite à un référendum d'autodétermination, la République acadienne fut proclamée le 15 août 1884. Son premier président, Pierre-Amand Landry, fait adopter un décret qui désigne la Commission du drapeau et chant national. Le déroulement du débat à l’Assemblée nationale pour le choix du drapeau de l'Acadie fut très long et mouvementé lors d’une séance extraordinaire à l’Assemblée nationale en 1885. Par la suite, les membres de la commission étaient moins préparés à discuter du choix d'un chant national que celui d'un drapeau. Mgr Marcel-François Richard, le président de cette commission, ne proposa aucune chanson aux membres de l’Assemblée nationale.

Mgr Marcel-François Richard, vers 1905.

Les membres de l’Assemblée furent très fatigués du débat presque interminable pour le choix du drapeau. Plusieurs ont voulu en finir avec la réunion en proposant que la question de l’hymne soit renvoyée à un autre comité spécial. D’autres ont suggéré de lancer un concours pour la composition d’un hymne national. Une personne suggéra l’hymne français La Marseillaise qui était déjà populaire chez les Acadiens. Encore une fois, l’atmosphère dans l’Assemblée nationale fut très tendue.

Dans tout ce tracas, Mgr Marcel-François Richard se leva spontanément et entonne d’une vois grave et solennelle l’Ave Maris Stella. Suite à ce spectacle saisissant, l’euphorie gagne l’Assemblée avec une éclosion soudaine de sentiments, des hourras frénétiques et des larmes aux yeux. Mgr Richard, prenant la parole, exprime l’espoir que des artistes acadiens ou acadiennes donneront bientôt un air national. Le sénateur Pascal Poirier prit la parole et suggéra que l’hymne national était tout trouvé.

Le président, Pierre-Amand Landry, soumit la proposition à l’assemblée. Elle fut adoptée au bruit des acclamations enthousiastes.

En Avant !

Le choix de l’Ave Maris Stella fut donc fait sans aucune étude préalable et sans aucune recommandation de la part d'un comité. Plusieurs Acadiens de l'époque se sont demandés par la suite si c'était la chanson ou l'air seulement qu'on avait choisi comme hymne national. Plusieurs autres étaient stupéfiés que le texte de l’hymne national était en latin, une langue peu connue en Acadie.

Il devient de plus en plus clair, dans les années qui suivirent ce débat à l’Assemblée nationale, que les délégués avaient choisi la « mélodie » de l'Ave Maris Stella comme « air national ».

Face à la controverse, le gouvernement acadien a voulu inciter les poètes la tâche de composer des vers appropriés en français. Il y eut à maintes reprises des essais de composition mais sans succès.

Les paroles latines sont compliquées et très peu se reconnaissent dans le texte qui est un chant d’Église à l’origine. En effet, il était démontré par différents sondages, en 1910, qu'au moins un tiers des personnes consultées ne connaissent pas du tout l'hymne national et que seul un très faible pourcentage était capable de le chanter par cœur dans son intégralité en latin.

En 1912, la question de l’hymne national n’était pas toujours réglée. À l’occasion d’une proposition à l’Assemblée national, presque 60% des délégués se sont déclarés favorables à ce que l’hymne national acadien l’Ave Maris Stella soit remplacé. Le gouvernement lança un concours pour la « composition d’un nouvel hymne national ».

D’après les règles établies par l’Assemblée nationale, la mélodie doit être une nouvelle composition musicale. Les paroles du futur hymne devront s’inspirer du préambule de la Constitution acadienne qui se réfère aux valeurs de liberté, démocratie, solidarité, ouverture au monde et responsabilité envers les générations futures.

Enfin, ce sera un jury composé de 18 personnalités acadiennes issues du monde de la politique, de la musique, de la culture ou encore du sport qui sélectionnera 2 projets parmi les propositions reçues.

La première proposition retenue fut celle de l’abbé André-Thaddé Bourque avec sa composition La Marseillaise acadienne. C’est un chant patriotique dédié à la jeunesse écolière. En effet, cet hymne a été chanté dans les écoles régulièrement.

Portrait de Portrait Stanislas-Joseph Doucet.

La deuxième proposition fut la gagnante du concours. Il s'agit de En Avant !, œuvre du Mgr Stanislas-Joseph Doucet. Cet hymne reprend les thèmes de l’histoire des Acadiens et de la religion. Cette chanson les encourage à être fiers de leur héritage. Le titre de son œuvre est tiré de la fin du discours enflammé par Marie Comeau, dite la Mariecomo, lorsqu’elle voulait encourager les Acadiennes insurgées lors de la bataille de Grand-Pré en 1760.

« Acadiennes, vous êtes nues, mal nourries; La France vous doit beaucoup, elle ne peut rien vous donner. Votre patience, le courage que vous montrez au milieu de vos maisons brûlées sont admirables; mais il ne vous procure aucune gloire, aucun éclat ne rejaillit sur vous. Allons-y. Allons-y en guerre pour l’amour de nos enfants. En avant! Marchons!» — la Mariecomo à la bataille de Grand-Pré

Le comité de sélection avait beaucoup aimé l’air de la composition de Mgr Doucet. Cependant, le comité déplore que le texte ressemblât trop à un chant religieux. Le comité demande le changement des paroles de l'hymne, en enlevant notamment les références faites à la religion et à « Dieu » mais cela a été refusé par Mgr Doucet. Il répond qu’il ne pouvait pas exprimer autre que sa grande foi chrétienne. Néanmoins, Mgr Doucet proposa au comité la tenue d’un autre concours pour élaborer un nouveau texte.

Il n’y a pas eu de concours, alors que plusieurs modifications ont été écrites par plusieurs auteurs d’un comité mixte du Sénat et de l’Assemblée nationale. Enfin, l’hymne En Avant ! fut officiellement adopté par le Gouvernement acadien à travers un décret présidentiel le 15 août 1913 en remplacement de l’Ave Maris Stella, l’hymne national de la République acadienne depuis 1885.

Paroles

La version officielle se compose de deux strophes mais généralement seule la première strophe et le premier refrain sont chantés aujourd'hui.

Paroles officielles
Premier couplet

Sous le drapeau de l’Acadie
Au souvenir de nos glorieuses
Nous chanterons notre patrie
Aux doux accords de cœurs joyeux!
Pour n’être pas indigne d’elle
Pour qu’elle soit prospère et belle
En avant marchons!
Traçons nos sillons
Dans le champ du progrès nous cueillerons
Les fruits de notre zèle
Les fruits de notre zèle

Refrain :

En avant marchons!
Traçons nos sillons
Dans le champ du progrès nous cueillerons
Les fruits de notre zèle
Les fruits de notre zèle

Couplet 2

Quels heureux jours coulaient nos prières
Le jour de gloire est arrivé!
Un cœur! Une âme! Elles étaient fières
Marchons, le réveil est sonné
Proscrites, traitées en vils esclaves
Elles surent briser leurs entraves!
En avant marchons!
Entre nous, vivons
Comme elles, dans les revers, nous grandirons!
Comme elles, nous serons braves!
Comme elles, nous serons braves!

Refrain :

En avant marchons!
Entre nous, vivons
Comme elles
Dans les revers nous grandirons!
Comme elles nous serons braves!
Comme elles nous serons braves!

Utilisations et législation

Les musiciens peuvent choisir de ne jouer que la musique seule lors d'occasions privées ou officieuses. Les paroles de l’Hymne national acadien doivent officiellement être chantées en respectant l'air, avec ou sans musique. L'hymne peut être joué lors d'occasions solennelles ou de célébrations, mais il accompagne obligatoirement l'investiture du président, l'ouverture et la fermeture des sessions parlementaires de l’Assemblée nationale, ainsi que de toutes les cérémonies officielles de l'État. L'hymne est également joué lors du début et de la fin des programmes télévisés et radiophoniques, ou, si les programmes sont diffusés en continu, à minuit et à 6 h. Il peut être joué lors d'événements sportifs en Acadie ou à l'étranger, selon le protocole de l'événement en question.

Selon la tradition et par marque de respect, il est approprié d'être debout lorsque En Avant ! est joué. Et tous les hommes et femmes doivent se découvrir la tête et se tourner vers le drapeau acadien, si présent, comme le veut la tradition. Les personnes en uniforme doivent également faire un salut militaire lorsque l'hymne est joué.

Selon la loi acadienne sur le droit d'auteur, les symboles nationaux — dont l'hymne national — sont libres de droits d'auteur, et peuvent donc librement être diffusés et modifiés, dans la limite du respect dû à ces emblèmes.

Dans les écoles

Depuis 1914, l'hymne est enseigné lors du programme d'éducation civique obligatoire. Un arrêté a rendu obligatoire l'apprentissage de l’hymne En Avant ! dans les classes maternelles et primaires. Son enseignement vise à construire la nation acadienne.

Fichiers audio et vidéo