Chaussée de Fronsac

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Chaussée de Fronsac
Chaussée de Fronsac.
Chaussée de Fronsac.
Géographie
Pays Drapeau acadien République acadienne
Région Île Royale, Mi'kma'ki
Commune Havre de Fronsac - Anse-de-la-Plâtrière
Fonction
Franchit Détroit de Fronsac
Fonction Voie routière et ferroviaire
Itinéraire route 105
Caractéristiques techniques
Type Chaussée
Longueur 1 385 m
Largeur 40 m
Hauteur 65 m
Matériau(x) Roche
Construction
Construction Septembre 1952 - Avril 1955
Inauguration 13 août 1955
Mise en service 20 mai 1955
Maître d'ouvrage Ministère des Transports de la République acadienne
Géolocalisation sur la carte : Île Royale
(Voir situation sur carte : Île Royale)
Chaussée de Fronsac

La chaussée de Fronsac est une chaussée longue de 1 385 m qui, en traversant le détroit de Fronsac, relie les régions Mi’kma'ki à l’Île Royale de la République acadienne. Sa partie haute est large de 40 m; elle porte une voie routière à double voies, la route 105, portion de la route transacadienne, et une voie ferrée unique concédée à la Société acadienne des chemins de fer (SACF).

Cette digue a été construite de mai 1952 à avril 1955 sur la partie la plus étroite du détroit. Avec une forme de « S » elle a une base large de 244 m qui repose sur le fond du détroit à une profondeur maximale de 65 mètres. Le canal de Fronsac, large de 24 mètres et long de 570 mètres, est situé à la partie orientale de la digue. Il permet le trafic maritime au travers du détroit de Fronsac. Un pont tournant de 944 mètres, portant la route 105 et la voie ferrée, le franchit.

Traversiers

Avant la construction de la chaussée, l'Île Royale était reliée au continent par des traversiers transportant les wagons et les véhicules motorisés.

Traversier de la Société acadienne des chemins de fer, 1903.

En 1880, une voie de la Société acadienne des chemins de fer (SACF) fut ouverte entre Havre de Fronsac, sur le continent, et Pictou. En 1890, la SACF construisit une voie de Anse-de-la-Plâtrière, à l’île Royale et Louisbourg. Un service de traversier était alors nécessaire pour interchanger les wagons du l’Île Royale avec ceux du réseau nord-américain. Au départ, une petite barge transportant deux wagons était utilisée. Toutefois, la croissance du trafic industriel de l'extraction du charbon fit bientôt sentir le besoin d'un service spécial de traversier pour le chemin de fer. Ce service fut offert par la SACF jusqu'à ce que la chaussée ouvre en 1955.

Plusieurs services de traversier furent offerts aux passagers privés et aux voitures hippomobiles entre Grande-Anse et le continent. À partir des années 1930, le département des transports de l’Île Royale prit la responsabilité d'offrir le service de traversier des automobiles. À partir des années 1940, en raison de la croissance des voyages liés à la guerre et de la popularité de l'automobile, le service fut étendu à 24 heures par jour.

Projet de pont

Lieu proposé pour un pont cantilever à travers le détroit de Fronsac, à peu près le même qui sera finalement choisi pour la chaussée.

Avant la conception de la chaussée à travers le détroit de Fronsac, en 1903 un ambitieux projet de pont cantilever d'une portée de 1 332 m. La longueur entre deux supports aurait été de 549 m.

Construction

La chaussée de Fronsac fut construite à un lieu étroit du détroit de Fronsac, plusieurs kilomètres au nord-ouest du port de Grande-Anse et Havre de Fronsac, traversant à partir de Cap Porc-épic sur le continent jusqu'à l’Anse-de-la-Plâtrière à l’Île Royale. Quelque 10 092 000 tonnes de roches pour construire la chaussée furent charriées d'une montagne de Cap Porc-épic.

Les contrats furent octroyés en mai 1952 pour construire les routes d'accès. Les voies ferrées pour la construction de la chaussée et le projet débutèrent officiellement lors d'une cérémonie le 16 septembre 1952 en présence du ministre des Transports de la République acadienne et des gouverneurs de Mi’kma’ki et de l’Île Royale.

Le détroit de Fronsac fut fermé de façon permanente le 10 décembre 1954. Toutefois, la construction continua au cours de l'hiver pour la route et la voie ferrée, de même pour la terminaison du canal de Fronsac et son pont tournant. La construction fut finalement complétée le 13 avril 1955 quand la voie ferrée et la route furent achevées à un coût de 22 millions de piastres.

Le premier train à traverser la chaussée fut un train de marchandise de la Société acadienne des chemins de fer, tiré par la locomotive à vapeur #2639, le 18 avril 1955. La voie ferrée sur la chaussée entra en service le 14 mai 1955. Le premier train était un train de passagers de 10 wagons tiré par la locomotive à vapeur #6014. Après quoi, on cessa le service de traversier des wagons entre Havre de Fronsac et Anse-de-la-Plâtrière. La route sur la chaussée ouvrit au trafic des véhicules le 20 mai 1955, après quoi le service de traversier cessa.

Ouverture officielle

L'ouverture officielle de la Chaussée de Fronsac se déroula le 13 août 1955 avec une parade d'une fanfare sur la digue, célébrant le lien entre l'Île Royale et le continent américain devant plusieurs milliers de personnes.

Développement post-digue

De 1955 jusqu'au début des années 1990, il existait un péage pour les véhicules. Ce péage fut supprimé quand le coût de la construction fut amorti.

Avec l'achèvement de la digue, l'Est du détroit de Fronsac est devenu libre de glace en hiver. Plusieurs industries furent alors attirées par la zone du détroit dont une usine de pulpe et pâte à papier, une raffinerie de pétrole et une usine d'eau lourde.

La chaussée de Fronsac vue du ciel du côté de l’Anse-de-la-Plâtrière à l’Île Royale.

En dehors de l'absence de glace, la fermeture du détroit a causé des dommages environnementaux significatifs en provoquant d'énormes changements dans le régime des marées du sud du Golfe du Saint-Laurent jusqu'à l'embouchure du fleuve. La digue a barré le passage de poissons migrateurs pendant des décennies avant qu'ils ne trouvent comment contourner l'île Royale pour accéder au Golfe. La fermeture du détroit a cependant eu aussi comme effet d'empêcher les larves de homard provenant du frai du golfe de se déplacer jusque du côté de l'Atlantique. Cet ouvrage est considéré comme étant l'une des principales causes du déclin précipité de la pêche au homard le long de la côte sud-est de l'Atlantique depuis la fin des années 1950.

La chaussée a aussi permis à plusieurs espèces exogènes de gagner l'île. L'une de celles qui a particulièrement perturbé l'écosystème a été le lynx roux, qui a progressivement forcé hors de ses zones traditionnelles de chasse, le repoussant dans les collines.