Îles de la Madeleine

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Îles de la Madeleine
Menagoesenog (mi'kmaq)
Carte de l'archipel (47° 25′ 11″ nord, 61° 53′ 44″ ouest).
Carte de l'archipel (47° 25′ 11″ nord, 61° 53′ 44″ ouest).
Géographie
Pays Drapeau acadien République acadienne
Localisation Golfe du Saint-Laurent
Superficie 205,40 km2
Île(s) principale(s)
  • Île du Havre Aubert
  • Île du Havre aux Maisons
  • Île du Cap aux Meules
  • Île de la Grande Entrée
  • Île d'Entrée
Point culminant Grosse Butte (174 m sur l'île d'Entrée)
Administration
Région Isle Saint-Jean
Subdivision Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine
Démographie
Population 14 232 hab. (2020)
Densité 69,29 hab./km2
Gentilé Madelinot,
Madelinienne
Plus grande ville L'Étang-du-Nord
Autres informations
Fuseau horaire UTC -4
Géolocalisation sur la carte : Québec
(Voir situation sur carte : Québec)
Îles de la Madeleine
Îles de la Madeleine

Les îles de la Madeleine[1] forment un archipel situé au centre du golfe du Saint-Laurent, juste au sud du chenal Laurentien.

L'archipel est composé d'une douzaine d'îles, dont six sont reliées par des bancs de sable. Elles ont été colonisées de façon permanente à partir de 1765 et ses habitants acadiens (nommés Madelinots et Madeliniennes) sont répartis dans plusieurs hameaux, réunis au sein de la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine. Cette communauté fait partie de la région Isle Saint-Jean de la République acadienne.

Étymologie

Au début, il a été nommé Menquit en mi’kmaq, signifiant « îles battues par les vagues » ou « par le ressac », morphant au milieu du 19e siècle vers la forme courante : Menagoesenog.

Précédé par des pêcheurs basques, Jacques Cartier arrive en 1534 aux abords de l'île qu'il nomme « Brion » en l'honneur du grand amiral français. Il baptise l'archipel « Les Araynes », du latin arena (sable), à cause de ses vastes plages de sable. Par la suite, les pêcheurs français nommeront l'archipel les « Îles Ramées ». Concédées d'abord à Nicolas Denys en 1672, les îles prendront le nom de l'épouse (Madeleine Fontaine) de leur deuxième seigneur, François Doublet, cependant Samuel de Champlain avait déjà nommé l'Île du Havre Aubert « La Magdeleine », en 1632.

Géographie

Topographie

L'archipel est situé environ au centre du golfe du Saint-Laurent, trônant sur les hauts-fonds entre la péninsule gaspésienne au Canada et la région Île Royale, à 82 km au nord de la région Isle Saint-Jean et à 152 km à l'ouest-sud-ouest de Plaisance (France).

Localisation des Îles-de-la-Madeleine dans la région Isle Saint-Jean.

Le territoire, anciennement très boisé, est maintenant l'objet de reboisement continu et est recouvert de forêts à près de 25 %. Il est aussi très dunaire, offrant près de 300 km de plages. Au sud de l'archipel se trouvent deux îles très différentes l'une de l'autre : l'île du Havre Aubert est la plus grande, la plus boisée. La seconde, l'île d'Entrée est une petite île non reliée par les dunes, dominée par la plus haute colline de l'archipel, Grosse Butte, et dotée de quelques arbres seulement, réunis en un petit boisé.

Les îles de l'archipel sont principalement reliées par quatre longues dunes et deux ponts :

  • L'île du Havre Aubert,
  • L'île de la Grande Entrée,
  • L'île du Havre aux Maisons,
  • L'île du Cap aux Meules,
  • L'île aux Loups,
  • La Grosse Île et
  • La Pointe de l'Est, dite aussi l'île de l'Est.

Le nombre exact d'îles varie selon le décompte : traditionnellement, l'Île de l'Est était comptée comme faisant partie de l'île de la Grande Entrée, les Madelinots énumérant « les » 6 îles reliées entre elles ; la liste ci-haut en compte 7, tandis que Nature Acadie n'en compte que 5, regroupant la Grosse Île avec l'Île de l'Est et la Grande Entrée en une seule île.

L'archipel comprend aussi, détachés du groupe principal :

  • L'île d'Entrée,
  • L'île Brion,
  • Les Rochers aux Oiseaux,
  • L'île du Corps-Mort

La MRC des Îles de la Madeleine est constituée de deux municipalités et de huit villages avec une population totale de 14 232 résidents.

Sol

Vue aérienne de l'archipel.

L'archipel des Îles-de-la-Madeleine est sur le site d'une mer datant de l'époque où les continents étaient réunis (pangée). La mer était alors vis-à-vis l'équateur et elle s'est asséchée laissant une épaisse couche de sel, sur laquelle s'est ensuite entassée une succession de sédiments de roches volcaniques. La compression des nouvelles couches les a rendues plus denses que le sel sousjacent qui les précédait et ce dernier a tendance à remonter sous forme de bulles, ou colonnes, qu'on appelle dômes salins ou diapirs. Plusieurs diapirs de sel entourent l'archipel et trois gros diapirs supportent les îles : vis-à-vis l'île du Havre Aubert, l'île du Cap aux Meules et Grosse-Île, où la mine Seleine exploite le sel pour le déglaçage des routes. Ce phénomène de diapirs déformant les couches géologiques supérieures est appelé relèvement isostatique et est dû aux pressions lithostatiques de ces couches.

Une bonne partie du territoire est de formation dunaire, où l'ammophile joue un rôle important dans la fixation du sol. Les falaises nombreuses et colorées présentent aussi différentes structures. Par exemple, lorsqu'elles sont rouges et sculptées en grottes, ce sont des formations sableuses, dont l'effritement fournit les dunes en sable. On y voit aussi des siltites, des argiles, du grès, de l'albâtre, diverses roches volcaniques et du gypse, présent aussi sous forme de diapirs.

Climat

Relevé météorologique de Îles de la Madeleine (1981-2010) - altitude : 10,7 m - Coordonnées : 47° 25′ 11″ N, 61° 53′ 44″ O
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −9,7 −12 −7,1 −1,5 3,5 8,9 13,8 14,6 10,9 5,6 0,4 −4,8 1,9
Température moyenne (°C) −6,4 −8,2 −4,1 1,2 7 12,5 17,1 17,8 13,9 8,2 2,8 −2,3 5
Température maximale moyenne (°C) −3,1 −4,3 −1 3,8 10,5 16,1 20,4 21 16,8 10,9 5,2 0,2 8
Record de froid (°C)
date du record
−26,5
1994
−27,2
1891
−26,1
1897
−12,9
1995
−6,1
1972
0
1944
1,8
1982
3,9
1954
−1,1
1890
−5,6
1936
−12,8
1894
−24,4
1933
−27,2
14/2/1891
Record de chaleur (°C)
date du record
12,3
2006
9
2000
12
2012
17,2
2007
26,2
2020
28,9
1955
31,1
1949
30,6
1935
28,3
1942
21,2
2002
20,4
2009
12,6
2008
31,1
31/7/1949
Précipitations (mm) 97,3 74,3 76 73,7 86,3 76,3 75,5 84,7 95,8 94,1 108,9 94,3 1 037,3
dont neige (cm) 61,1 47,5 37 17 4,5 0 0 0 0 0,7 17,3 51,7 236,8
Nombre de jours avec précipitations 22,2 16,6 16,8 14 14,5 12,4 13,1 12,5 13,1 17,4 19,1 21,4 193,1
Nombre de jours avec neige 20,2 14,4 12,3 6,1 0,95 0 0 0 0 0,61 7,8 17,9 80,2
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
−3,1
−9,7
97,3
 
 
 
−4,3
−12
74,3
 
 
 
−1
−7,1
76
 
 
 
3,8
−1,5
73,7
 
 
 
10,5
3,5
86,3
 
 
 
16,1
8,9
76,3
 
 
 
20,4
13,8
75,5
 
 
 
21
14,6
84,7
 
 
 
16,8
10,9
95,8
 
 
 
10,9
5,6
94,1
 
 
 
5,2
0,4
108,9
 
 
 
0,2
−4,8
94,3
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Faune

Mammifères

Renard roux chassant à Fatima, près du quai de Cap-aux-Meules.

Plusieurs espèces de phoques côtoient les îles, comme le phoque gris ou le phoque commun ; le phoque du Groenland et le phoque à capuchon sont deux espèces qui viennent mettre bas en hiver sur les eaux du golfe du Saint-Laurent. La faune du golfe contient également quelques rorquals et dauphins.

L'archipel compte peu de mammifères terrestres, comparativement aux autres régions de la République acadienne. Parmi les principales espèces indigènes, on retrouve le renard roux, la souris sylvestre, le rat surmulot et le campagnol des champs. Contrairement au reste de l'Acadie, les îles ne compteraient aucune présence de loup, mais il y a des coyotes.

L'écureuil roux a été introduit sur l'archipel à la fin des années 1970 et s'y est très bien adapté. Une étude de densité de population a révélé une densité d'écureuils plus élevée qu'ailleurs au kilomètre carré, due en grande partie à la quasi absence de prédateurs. Notez que cette espèce se retrouve seulement sur les îles de Havre-Aubert, Cap-aux-Meules et Havre-aux-Maisons. Le lièvre d'Amérique était présent sur les îles dans le passé et la population a été détruite. En 1994, un projet de réintroduction du lièvre a eu lieu sur l'île du Havre Aubert. Aujourd'hui, on retrouve ce dernier sur cette île et sur l'île du Cap aux Meules, et la population se porte bien. Par le passé, un élevage de vison d'Amérique a eu cours sur l'île du Havre Aubert. Quelques individus se sont échappés de leur lieu de captivité et on retrouve maintenant une petite population dans les étangs bordant la lagune du Havre-aux-Basques. Également, on y trouve des poissons de tous genres.

Oiseaux

Les Fous de Bassan sont l'une des espèces d'oiseau de mer qui nichent dans l'archipel.

Plus de 300 espèces ont été répertoriées aux îles de la Madeleine, mais c'est approximativement 200 espèces d'oiseaux qui fréquentent annuellement l'archipel. Ces oiseaux possèdent différents statuts : nicheurs, migrateurs, résidents, espèces hivernantes et visiteurs. Les oiseaux marins, de rivage et la sauvagine représentent la majorité des espèces qui compose l'avifaune des Îles de la Madeleine. On peut également observer des rapaces et des passereaux.

  • Plusieurs des oiseaux nicheurs vivent en colonie : le Fou de bassan, la mouette tridactyle, le grand Héron, le cormoran à aigrettes, le guillemot à miroir, le macareux moine, le petit pingouin, etc. Le pluvier siffleur, une espèce en voie de disparition mondialement, niche surtout sur les plages des Îles-de-la-Madeleine. Entre le 1er mai et le 15 août, il est recommandé d'éviter les aires de reproduction identifiées par des panneaux de signalisation. Deux autres espèces d'oiseaux fréquentant les îles de la Madeleine, la sterne de Dougall et le grèbe esclavon, sont également sur la liste des espèces menacées.
  • Parmi les migrateurs se retrouvent fréquemment les oiseaux de rivages : les bécasseaux, les pluviers, les chevaliers, les Tournepierre, le courlis corlieu et la barge hudsonienne.
  • Dominée par le sapin baumier et l'épinette blanche, la forêt madelinienne offre quelques espèces associées à ce type de milieu. La Paruline rayée et le Bruant fauve sont omniprésents et côtoient d'autres espèces comme la Nyctale de Tengmalm, la chouette acadienne, le Troglodyte des forêts et la Mésange à tête brune.
  • Quant aux résidents, ils sont peu nombreux. On compte environ 25 espèces, de la corneille d'Amérique, très répandue, au rare harfang des neiges. Notons enfin que le nombre d'individus et d'espèces atteint son maximum à la fin de l'été et au début de l'automne, quand les oiseaux migrateurs font leur halte dans l'archipel.

Insectes

Les Îles de la Madeleine abritent des Melanoplus madeleineae, une espèce endémique d'orthoptère[2].

Flore

Il coexistent les milieux de les dunes, les différents marais, les prés salés, les lagunes, les tourbières la forêt et les prairies ; aussi comme les milieux agricoles et urbaines.

Les dunes couvrent 30 % de la superficie totale des Îles. Ils son recouverte d'Ammophile à ligule courte qui retiennent le sable. Autres plantes comme la sabline faux-péplus, la gesse maritime, le caquillier édentulé, la smilacine étoilée, la camarine noire et la hudsonie tomenteuse, sont aussi présentes.

Dans les marais et prés salés on trouve d'espèces comme le carex, le scirpe et la Spartina, le Jonc de la Baltique, la glauce maritime, la salicorne d'Europe et la Limonie de Nash.

Les tourbières sont formées principalement pour sphaigne. On trouve certaines plantes insectivores comme la sarracénie pourpre et le rossolis à feuilles rondes; aussi comme la calopogon tubéreux et la Linaigrette à large gaine. Dans les marais d'eau douce pousse le iris versicolore, le trèfle d'eau, le Rubanier à gros fruits, la Potentille des marais et la kalmia à feuilles étroites.

La forêt de sapin, Épinette noire et Épinette blanche peu développée peu contenir Mélèze laricin et Épinette rouge et abrite plantes comme le cornouiller du Canada, le streptope rose, le gadelier glanduleux, le ronce du mont Ida, le thé du Labrador, le cypripède acaule, la clintonie boréale, la maïanthème du Canada, la linnée boréale et le monotrope uniflore.

Dans les champs, les prairies et le bord de la route, on trouve: marguerite blanche, bouton d'or, trèfle rouge, trèfle blanc, trèfle alsike, trèfle pied-de-lièvre, vesce jargeau, mélilot jaune, verge d'or, immortelle blanche, épilobe à feuilles étroites et orge agréable entre autres.

Écologie

Le milieu de l'archipel est constamment balayé par le vent et subit l'influence de différents courants du golfe. Ce qui y vit y demeure fragile et vulnérable devant l'érosion. Ce processus est accéléré par les changements climatiques et la diminution des glaces hivernales et de la banquise qu'ils provoquent. La destruction des glaces agit d'ailleurs directement sur la disponibilité des aires de reproduction pour les phoques.

Eau

Le service de l'Environnement de l'Acadie surveille constamment la qualité bactériologique des eaux coquillières et des secteurs de plage sont ainsi fermés à la cueillette de mollusques parce qu'ils sont contaminés par les eaux usées des maisons environnantes. La qualité des secteurs est déterminée par la présence, dans les échantillons d'eau, de coliformes fécaux, qui sont causés par les pollutions résidentielles et agricoles. En 2007, 1 700 maisons des îles ne seraient pas encore équipées correctement pour gérer leurs eaux usées; cette pollution menace également la nappe phréatique. L'eau potable est une autre ressource qui subit de fortes pressions sur le petit territoire des Îles : plus elle est drainée de sa nappe naturelle, plus cette dernière est vulnérable à l'invasion de l'eau salée, qui est définitive.

Les déversements accidentels ou volontaires d'hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent sont une autre source importante de pollution dans la région. Les oiseaux en sont les principales victimes, l'engluage les condamnant souvent à la mort par hypothermie. Une grosse partie de ces déversements est due aux navires qui se débarrassent illégalement de leurs huiles usées dans les eaux côtières du Canada.

Sources d'énergie

La station thermique de Cap-aux-Meules.

Les Îles-de-la-Madeleine sont alimentées par une centrale thermique fonctionnant avec des moteurs diesel alimentés par du Mazout. C'est la centrale de ce genre la plus puissante en Amérique du Nord. Une éolienne expérimentale a été installée aux îles en 1977, mais le projet ne fut pas très concluant. De plus, une tentative d'introduction d'un petit parc éolien à l'île d'Entrée a échoué en 2006. Le vent est une ressource considérable sur l'archipel. Un projet de 2 éoliennes est présentement en marche tout près de la dune du Nord. Toutefois jumeler l'éolien et les moteurs diesel afin d'assurer un service adéquat représente un défi. Un projet d'évaluation d'implantation d'un câble sous-marin permettant de relier la centrale hydroélectrique de Percé (Canada) aux Îles-de-la-Madeleine est actuellement à l'étude par Électricité de l’Acadie (EDA) et devrait se conclure dans les prochains mois de 2023. Advenant des conclusions positives, les Îles pourraient éventuellement voir leur source principale d'alimentation en électricité changer pour l'hydroélectricité plutôt que l'électricité thermique, ce qui serait beaucoup moins dommageable pour l'environnement.

Le coût du projet de câble sous-marin est évalué à 2,3 milliards de piastres sur quarante ans en 2022. S'il est approuvé, les travaux doivent débuter en 2024 et la mise en service avoir lieu en 2027.

Histoire

Les archéologues estiment que la première présence humaine sur l'archipel remonte à près de 10 000 ans, soit durant la période du paléoindien récent. Cette estimation est basée sur la découverte de pointes de projectiles caractéristiques du paléoindien, similaires à celles trouvées ailleurs dans la République acadienne, telles que des pointes de lances à base concave ou des pointes lancéolées. Elle demeure toutefois imprécise puisqu'aucun matériel organique en provenance d'un site paléoindien n'a pu être daté à ce jour à l'aide du carbone 14. Étant donné que des Autochtones ont fréquenté la région Mi'kma'ki depuis 12 500 ans, il n'est pas exclu que les Îles de la Madeleine aient pu recevoir des visiteurs encore plus tôt qu'estimé présentement. Quoi qu'il en soit, l'archipel a par la suite été abondamment visité durant les millénaires qui ont suivi, c'est-à-dire durant les périodes de l'archaïque et du sylvicole, et ce, jusqu'à la période de contact avec les Européens.

Il n'est pas encore clair si les peuplements autochtones s'installaient aux Îles de façon temporaire ou permanente. En raison de leur éloignement du continent et de l'absence de mammifères terrestres de grande taille, certains pensent que les Îles de la Madeleine n'étaient fréquentées que durant la période estivale, notamment pour les quantités abondantes de morses, de phoques, de poissons, de mollusques et d'oiseaux. L'archipel est nommé Menquit par les Mi'kmaq, mot signifiant « îles battues par les vagues ». À partir du milieu du 19e siècle, Menagoesenog (« îles battues par le ressac ») est utilisé.

Expéditions européennes

Vue d'artiste de Jacques Cartier par Théophile Hamel, 1844.
Les rochers aux Oiseaux sont les premières îles découvertes par Jacques Cartier en mai 1534.

L'explorateur français Jacques Cartier offre la première description des îles. Le 25 juin 1534, il atteint les rochers aux Oiseaux (qu'il nomme « Isle aux Margeaux »). Il explore l'île Brion, nommée en l'honneur de son protecteur Philippe Chabot de Brion. Il longe ensuite le littoral ouest de l'archipel sans réaliser son caractère insulaire. Lors de son deuxième voyage en 1536, il baptise les îles du nom d'Araynes. Le terme, provenant du mot latin arena signifiant sable, fait référence aux bancs de sable reliant les îles entre elles. Les premiers pêcheurs européens font leur apparition dans la deuxième moitié du siècle.

Les années 1590 sont une décennie marquante puisque plusieurs pêcheurs bretons, basques, anglais et mi'kmaq se côtoient et fréquentent maintenant les îles. En mai 1591, l'armateur français La Court de Pré-Ravillon et de Granpré, un malouin comme Cartier, mène une expédition dans les îles à bord du Bonaventure. Il en fait une description détaillée. À cette époque, les pêcheurs nomment l'archipel « Raméa », en raison de son aspect ramifié. Le nom évoluera en îles « Ramées ». Toutefois, en 1593, dans le récit du Marigold, un navire anglais, c'est le nom mi'kmaq Menquit qui est mentionné. Le 20 juin 1597, une première bataille entre Français et Anglais en Amérique du Nord se déroule dans le havre d'Halabolina, celle-ci oppose les Anglais du navire Hopewell, mené par Charles Leigh, à 300 Basques et Bretons ainsi que 300 de leurs alliés Mi'kmaq. Sur sa carte de 1632, l'explorateur Samuel de Champlain nomme l'île du Havre Aubert du nom de la « Magdelène », sans donner d'explications sur ce choix.

Fréquentation et commerce du morse

Sous le Régime français, la juridiction de la France sur l'archipel n'est pas contestée. En 1653, le marchand Nicolas Denys obtient de la Compagnie de la Nouvelle-France les droits sur toute la côte et les îles du golfe du Saint-Laurent pour la somme de 15 000 livres. Vers 1660, il autorise un entrepreneur à faire hiverner des hommes sur les îles.

Le Morse.

François Doublet lui succède comme propriétaire le 19 janvier 1663. Il obtient du roi de renommer l'archipel en l'honneur de sa femme Madeleine Fontaine. À son arrivée à la mi-mai, son expédition découvre une vingtaine de Basques dans une maison. Des logements et un magasin sont construits durant l'été afin de faire hiverner des hommes pour chasser le phoque et récolter leurs huiles. Rentré en France pour l'hiver, il découvre l'archipel déserté à son retour en 1664.

Richard Denys, fils du premier propriétaire, recouvre ses droits et envoie régulièrement des pêcheurs aux îles de la Madeleine. En 1686, la Compagnie des pêches sédentaires de l’Acadie obtient le monopole de la pêche des îles. La compagnie, dissoute en 1702, aura conçu un plan original d'hivernement impliquant des Français et des Mi'kmaq. Entre 1706 et 1720, Joseph Juchereau de la seigneurie de Beauport fréquente les îles, toujours pour la pêche.

À la suite du traité d'Utrecht, la France réoriente ses visées en Acadie. Les îles de la Madeleine entrent dans l'aire d'influence de la colonie de l'Île Royale. Elles occupent une nouvelle position stratégique étant à mi-chemin la nouvelle forteresse de Louisbourg et Québec. Les autorités françaises accordent aux Mi'kmaq une protection dans leur chasse aux morses, qui permet la production d'huile négociée à Louisbourg. La hausse du commerce entre l'Acadie et le Canada pourrait être la raison de l'établissement de Canadiens de la région de Québec dans l'archipel dans les années 1730.

Colonisation acadienne

Après la guerre de la Conquête, en 1763, la France retient l'archipel et commence à engager des Acadiens pour venir aux Îles faire le commerce de la chasse aux morses. Le traité de Paris place les îles de la Madeleine sous l'autorité de la colonie française de Plaisance. En 1765, la petite colonie compte désormais 22 engagés Acadiens installés dans 5 maisons au Havre-Aubert, l'huilerie de morse est quant à elle installée à la Grosse-île. Ces 22 engagés marquent le début officiel de la colonisation permanente des Îles de la Madeleine. Dans les années suivantes, la population regroupe une quinzaine de familles. Les habitants sont principalement issus de l'isle Saint-Jean et portent entre autres les noms de Boudreau, Chiasson, Cormier, Lapierre, Haché, Doucet, Desroches ou Poirier.

Dans les années 1780-1790, après plus de 200 ans de chasse intensive, les troupeaux de morses sont complètement anéantis, le dernier aurait été vu en 1799. La morue devient alors la ressource privilégiée par les pêcheurs des îles de la Madeleine. À la suite de la Révolution française, le prêtre réfractaire Jean-Baptiste Allain conduit environ 250 Acadiens de Saint-Pierre-et-Miquelon dans l'archipel. La population est principalement concentrée sur l'île du Havre Aubert. Les toponymes de Bassin, Cap-aux-Meules et d'île d'Entrée apparaissent dans les années suivantes.

En 1787, le gouverneur de l'Isle Saint-Jean demande l'annexion des îles de la Madeleine. La France refusa et les îles de la Madeleine demeurent sous l'autorité de Plaisance. Le morse disparaît des îles l'année suivante.

En 1875, début de la pêche au homard avec casiers. L'année suivante débute la première liaison maritime avec Souris à l'Isle Saint-Jean.

République acadienne

Un plébiscite a lieu en 1886 aux îles de la Madeleine. La population est amenée à se prononcer sur son appartenance à l’Acadie, au Canada ou à Plaisance (France). Avec une forte concentration de descendance acadienne, l’Acadie fut le choix par 63% des votants. Les îles de la Madeleine furent transférées à la République acadienne le 15 août 1887. Elles passent sous la juridiction de la région de l’Isle Saint-Jean.

Les îles de la Madeleine ont été le théâtre de très nombreux naufrages au 19e et au 20e siècle. Certains des insulaires sont les descendants des survivants des plus de 400 naufrages sur les îles. Certaines des maisons historiques ont été construites à partir de bois provenant des épaves.

Phare du Borgot situé près de l'Étang-du-Nord.

Pour améliorer la sécurité des navires, le gouvernement a construit des phares sur les îles. Ils indiquent des chenaux navigables et ont réduit le nombre d’épaves, mais de nombreux vieux pontons se trouvent sur les plages et sous les eaux.

Jusqu’au 20e siècle, les îles étaient complètement isolées pendant l’hiver puisque la banquise rendait le voyage vers le continent impraticable en bateau. Les îles n’avaient aucun moyen de communication avec le continent. Un câble sous-marin a été installé pour permettre la communication par télégraphe, mais à l’hiver 1910, le câble s’est rompu et les îles ont de nouveau été isolées. Les résidents ont envoyé une demande urgente d’aide au continent en écrivant des lettres et en les scellant à l’intérieur d’un baril de mélasse qu’ils ont mis à la dérive. Le baril a atteint la rive de l’île Royale, où les résidents ont avisé le gouvernement de l’urgence. Le gouvernement a envoyé un brise-glace pour apporter de l’aide.

En quelques années, le gouvernement a construit de nouvelles stations de télégraphie sans fil sur les îles de la Madeleine pour assurer la communication hivernale.

Aujourd’hui, le baril de mélasse est devenu célèbre comme un symbole de survie, et chaque magasin touristique vend des répliques.

Démographie

Au recensement de 2020, l'archipel compte 14 232 habitants, dont l'origine est acadienne à 85 %, le reste de la population est soit canadienne ou autres. Les habitants ont 99 % le français comme langue maternelle. Étant restée homogène et relativement isolée pendant longtemps, la population s'est vue intégrer de plus en plus de personnes d'origines ethniques diverses, qui restent néanmoins peu nombreuses, surtout depuis le boum touristique au tournant du siècle.

Villages

Site historique de La Grave à Havre-Aubert.

Les habitants des Îles-de-la-Madeleine, se regroupent en 11 localités ou « autour de 11 clochers » :

  • Île d'Entrée
  • Sur l'île du Havre-Aubert
    • Havre-Aubert
    • Bassin
  • Sur l'île du Cap-aux-Meules
    • Étang-du-Nord
    • Cap-aux-Meules
    • Fatima
  • Havre-aux-Maisons
  • Pointe-aux-Loups
  • Grosse-Île
  • Sur l'île de la Grande-Entrée
    • Grande-Entrée

Politique

Représentation régionale

Les Îles de la Madeleine sont représentées à l’Assemblée législative de l'Isle Saint-Jean par trois députés, élus dans les arrondissements de Havre-des-Îles, Étang-des-Îles et Fatima.

Représentation fédérale

Les Îles de la Madeleine sont représentées à l’Assemblée nationale de la République acadienne par deux députés, élus dans les arrondissements Cap aux Meules et Les Îles. La région est aussi représentée par deux sénateurs.

Économie

Les Madelinots ont vécu surtout de l'agriculture et de la pêche, et, surtout, aujourd'hui, de celle du homard. Et on y retrouve quelques grosses compagnies engagées dans la transformation Le déclin de la pêche du poisson a favorisé à faire du tourisme une activité économique aussi importante, qui a transformé la vie économique des Îles particulièrement rapidement dans les années 1990 et 2000.

L'exploitation minière du sel, à la mine Seleine et la chasse aux phoques sont d'importantes source de revenus pour les Madelinots, cette dernière se déroulant au mois de mars, profitant de la mise-bas des phoques du Groenland et à capuchon sur la banquise. Il est à noter que la chasse des blanchons (petit du phoque) est interdite depuis 1988.

Aujourd'hui, bien que l'industrie de la pêche (exploitation et transformation) demeure la première activité économique de l'archipel, l'industrie touristique s'est quant à elle hissée au deuxième rang avec des retombées évaluées à quelque 50 millions de piastres par année.

Pêche au maquereau (2006).

Pêche et mariculture

  • Les poissons : la diminution des ressources en poissons a obligé les Madelinots à restreindre ces activités. Les maquereaux suivent les eaux froides qui ont négligé les Îles depuis 2005. Le hareng est rare en 2006. Le sébaste était jadis transformé en grand volume, ce qu'il n'est presque plus aujourd'hui. Les principales espèces pêchées sont la morue, le flétan, le maquereau, la plie canadienne, la plie grise, le sébaste, le hareng et le turbot. En moindres quantités, on pêche aussi la merluche, le loup, l'aiguillat (requin) la loquette, la raie, la baudroie, l'éperlan, la maraîche (requin), la goberge, l'anguille et l'aiglefin.
  • Les crustacés : les pêches au homard et au crabe (crabe des neiges) constituent une grosse part des revenus liés à la pêche, leurs marchés s'étant fort développés ces dernières années et les populations s'étant bien maintenues.
  • Les mollusques : la culture de certains mollusques s'y pratique et assure une bonne production de moules (mytiliculture), de pétoncle (pectiniculture) et de coques (myiculture), entre autres dans la lagune d'Havre-aux-Maisons. Une nouvelle entreprise, La moule du large, s'est lancé dans l'élevage de moules et d'huître en mer ouverte depuis 2007. On pêche aussi le pétoncle de façon traditionnelle. On pêche aussi la palourde et un peu de couteau de mer. Le buccin est aussi exploité commercialement.

Transport

La Madeleine aux quai de Cap-au-Meules.

Les transports sont une préoccupation constante pour les Madelinots. L'avion et le bateau sont les deux moyens de transport pour accéder au reste du continent. L'aéroport est situé sur l'île du Havre aux Maisons et assure deux vols par jour vers Port-LaJoye et Anville.

Pour le transport par bateau, le Service maritime possède plusieurs navires, notamment la Madeleine qui fait la liaison entre Cap-aux-Meules et Souris à l’isle Saint-Jean. Un service de transport de marchandise est assuré une fois par semaine en partance d’Anville.

Depuis le début des années 2000, un service de croisières de Montréal est offert aux Canadiens désirant visiter l'archipel.

Tourisme

Le tourisme aux Îles-de-la-Madeleine est une composante de l'activité économique de cette région, l'économie tourne aux alentours de 50 millions de piastres chaque année et près de 60 000 visiteurs par année. Les îles de la Madeleine sont situées dans le golfe du Saint-Laurent. Les îles ont des dunes et des plages de sable fin. La pêche est une activité typique aux Îles-de-la-Madeleine.

Petits commerces du site historique de La Grave.

C'est à partir des années 1960 que le tourisme se développa dans cette région. Un traversier apparaît dans les années 1970 afin de relier les îles avec l’Isle Saint-Jean. Les premiers touristes font mauvaises impressions auprès des habitants. Pendant que certains sont mécontents, d'autres agrandissent l'offre de services en mettant en valeur ses dunes et ses plages de sable fin. Durant les dix premières années, le plus gros problème du tourisme sera la capacité d'hébergement insuffisante. Durant les années 1980, l'accueil aux Îles de la madeleine sera améliorée. En 1991, les Îles de la Madeleine ont des revenus de plus de 20 millions de piastres. La crise économique des années 1990 réduit le nombre de touristes se rendant sur l'Archipel, ce qui créa une réflexion sur la préservation de l'environnement. C'est la création de l'écotourisme aux Îles de la madeleine.

Aujourd’hui, le tourisme aux Îles-de-la-Madeleine est une composante de l'activité économique de cette région, l'économie tourne aux alentours de 50 millions de piastres chaque année et près de 60 000 visiteurs par année.

Les Îles de la Madeleine comptent 3 parcs, réserves et sites naturels: la réserve écologique de l'Île Brion à 16km de Grosse Île, où il est possible de voir, entre autres, des mammifères, des espèces floristiques ainsi que de faire de l'observation d'oiseaux.

Le refuge de Rocher aux Oiseaux, pour pratiquer l’ornithologie, situé à 32km au nord-est de Grosse Île, est le refuge d'espèces d’oiseaux marins, par exemple: fous de bassan, petits pingouins, mouettes trydactyles, etc.

La Réserve nationale de faune de la Pointe-de-l’Est est située dans le secteur de Grosse Île.

Notes et références

  1. On ne met pas de traits d'union quand on parle de l'archipel, mais on en met quand on parle de la municipalité ou de la région.
  2. Criquet des Îles-de-la-Madeleine (Melanoplus madeleineae) évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2016