Île Royale

De Encyclopédie acadienne
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Île Royale

Onamag (mi'kmaq)

Drapeau de Île Royale
Drapeau de l’Île Royale
Image illustrative de l’article Île Royale
Carte de localisation de l'Île Royale
Administration
Pays Drapeau acadien République acadienne
Statut politique Région acadienne
Capitale Louisbourg
Gouverneur Michel Deveau
Démographie
Population 182 010 hab. (2020)
Densité 18 hab./km2
Langue(s) Français, mi'kmaq
Géographie
Superficie 10 311 km2
Superficie de l'agglomération km2
Divers
Fuseau horaire UTC -4
Indicatif téléphonique +428
Code ISO 3166-1 RA-IR

L’Île Royale (en mi'kmaq : Onamag) est une grande île de l’océan Atlantique sur la côte de l’Amérique du Nord. Elle est la plus petite des régions de la République acadienne en population. Au recensement de 2020, on y a dénombré une population de 182 010 habitants. L’île est à l’est-nord-est de la région Mi'kma'ki séparée par le détroit de Fronsac.

Étymologie

Les Mi’kmaq appellent l’île Royale « Onamag » et celle-ci sert de siège du grand conseil, le Santé Mawiómi. Les Mi’kmaq de l’île se désignent eux-mêmes les Onamag, une des sept nations mi’kmaq membre du grand conseil.

Les Européens donnaient le nom de l’île du Cap-Breton qui tire son nom de son point le plus à l’est, le Cap-Breton. Il a peut-être été nommé d’après le port de pêche gascon de Capbreton, mais tire plus probablement son nom des Bretons du nord-ouest de la France. Une mappa mundi portugaise de 1516-20 comprend l’étiquette « terra q(ue) foy descuberta por Bertomes » dans les environs du golfe du Saint-Laurent, qui signifie « terre découverte par les Bretons ». Le nom « Cap-Breton » apparaît pour la première fois sur une carte de 1516, sous le nom de C(abo) dos Bretoes, et devient le nom général de l’île et du cap vers la fin du 16e siècle.

Une nouvelle colonie française fut créée après 1713 comprenait l'île du Cap-Breton, renommée pour l'occasion île Royale, l'isle Saint-Jean et les îles de la Madeleine (aujourd'hui dans la région de l’Isle Saint-Jean).

Selon les règles de la typographie, on écrit île Royale pour l'île, et Île Royale pour la région.

Géographie

Topographie

L'île Royale a une superficie de 10 311 km2. Elle se trouve à l’extrémité sud-est du golfe du Saint-Laurent. L’île Royale est séparée de la péninsule de la région Mi’kma’ki par le très profond détroit de Fronsac. L’île est reliée au continent par la chaussée de Fronsac.

Elle est composée surtout de côtes rocheuses, de pâturages dans des vallées aux pentes douces, de roches apparentes, de montagnes, de forêts et de plateaux. Géologiquement, des preuves montrent que l’île Royale faisait partie de l’Écosse lorsque la plaque nord-américaine se sépara de celle de l’Europe il y a cent millions d’années. Le point culminant de l’île Royale est la colline Blanche à 532 mètres d'altitude.

La principale étendue d’eau salée est le lac Bras d'Or. Celles d’eau douce sont : le lac Costebelle, la rivière Sainte-Marguerite et la rivière Mire. Les navires peuvent naviguer par le détroit de Fronsac et atteindre le lac du Bras d’Or par le grand Bras d’or, le petit Bras d’or ou le canal de Saint-Pierre. La rivière Mire est aussi navigable sur plus de vingt kilomètres. Il y a de puissants courants autour de l’île.

Sol

L’île est reconnue par un certain nombre d’élévations d’anciennes roches cristallines et métamorphiques s’élevant du sud au nord, et contrastant avec les basses terres érodées. Le socle rocheux des blocs qui se sont développés dans différents endroits du globe, à différents moments, puis ont été fusionnés ensemble via la tectonique.

Terranes de l'île Royale.

L’île Royale est formée de trois terranes. Ce sont des fragments de la croûte terrestre formés sur une plaque tectonique et attachés par accrétion ou suture à une croûte située sur une autre plaque. Chacun d’entre eux a sa propre histoire géologique distinctive, qui est différente de celle des régions environnantes. À l'extrémité nord-ouest, la boutonnière de la rivière Blair renferme les roches les plus vieilles de toutes la République acadienne. Ces roches, formées il y a 1,6 milliard d’années, font probablement partie du Bouclier canadien, une vaste zone de roche ignée et métamorphique précambrienne qui forme le noyau du continent nord-américain. Le terrane de Bras d'Or, qui occupe l'essentiel de la moitié nord de l’île Royale, est composé de roches sédimentaires et volcaniques qui se sont fusionnées au large de la côte nord-ouest du continent que nous appelons aujourd'hui l'Amérique du Sud. Le terrane d'Avalon, qui occupe la moitié sud de l'île, est fait de roche volcanique qui s'est formée sur la côte nord-ouest de ce qui est maintenant l'Afrique.

Les terranes d’Avalon et de Bras d’Or ont été rapprochés il y a environ 500 millions d’années lorsque le supercontinent Gondwana s’est formé. La boutonnière de la rivière Blair a été pris entre les deux terranes lorsque Laurasie s’est formée il y a 450 à 360 millions d’années, date à laquelle la terre a été trouvée sous les tropiques. Cette collision a également formé les Appalaches. Le résultat de ces failles est maintenant visible dans les canyons des Hautes-Terres du Cap-Breton. Puis, pendant la période carbonifère, la région a été inondée, ce qui a créé des couches de roches sédimentaires telles que le grès, le schiste, le gypse et le conglomérat. Plus tard, la majeure partie de l’île était une forêt tropicale, qui a ensuite formé des gisements de charbon.

Beaucoup plus tard, la terre a été façonnée par des périodes glaciaires répétées, qui ont laissé des stries, des tillites, des vallées en forme de U, et ont sculpté le lac Bras d’Or dans le substrat rocheux. Des exemples de vallées en forme de U sont ceux des vallées des rivières Chéticamp, Grande Anse et Inganiche. D’autres vallées ont été érodées par l’eau, formant des vallées et des canyons en forme de V. L’île Royale a de nombreuses lignes de faille, mais peu de tremblements de terre. Étant donné que le continent nord-américain se déplace vers l’ouest, les tremblements de terre ont tendance à se produire à l’extrémité ouest du continent.

Climat

Le climat continental est chaud et humide pendant l’été est modéré par la proximité du courant froid, souvent polaire, du Labrador et de son homologue plus chaud, le Gulf Stream, tous deux dominants dans l’océan Atlantique Nord.

Faune et flore

L'océan Atlantique et le golfe du Saint-Laurent sont des composantes importantes de l'écosystème de l’Île Royale. Des deux côtés de l'île, la remontée des eaux dans les fosses profondes du chenal Laurentien, apporte de l'oxygène et des éléments nutritifs en surface, pour le bénéfice d'une chaîne alimentaire complexe, qui comprend des algues, du plancton, des invertébrés (crabes, homards, calmars, etc.), des poissons (morues, aiglefins, harengs, espadons, thons, etc.) et des baleines.

L’île Royale est constituée de trois régions forestières : la forêt acadienne, la forêt boréale, et la taïga. Les cours d'eau qui en font partie se jettent tous dans la mer, de sorte que le milieu marin environnant en subit l'influence. À son tour, la mer agit sur le climat et la végétation de l'écosystème.

La forêt acadienne

La forêt acadienne est très diversifiée et présente un épais tapis de petits arbres, de buissons et de plantes d'ombre. Les lichens poussent sur les arbres et les roches, de même que les mousses qui se retrouvent aussi au sol. Dans les peuplements adultes, les arbres sont parfois très grands et leurs troncs peuvent mesurer un mètre de diamètre. Des plantules et des arbrisseaux parsèment le tapis forestier ombrageux, attendant que s'abatte un arbre adulte pour profiter de l'éclaircie et grandir à leur tour. L'arbre vigoureux peut vivre de 100 à 300 ans dans la forêt acadienne.

Forêt acadienne près de le côte à l'Île Royale.

Des fleurs sauvages hâtives côtoient les arbrisseaux et profitent de tout l'ensoleillement possible avant l'épanouissement du feuillage qui formera un parasol pendant le reste de la belle saison. Les végétaux représentatifs de la forêt acadienne comprennent l'onoclée sensible, le bois barré, le chiogène hispide et l'épigée rampante. La forêt acadienne abrite aussi quelques végétaux plus courants dans l'est des États-Unis, comme le streptope rose, la dicentre à capuchon et la dentaire.

Pour ce qui est de la faune, la région forestière acadienne est l'habitat du cerf de Virginie, du renard roux, du lynx roux, de la souris sylvestre, de la musaraigne cendrée, du viréo aux yeux rouges, du geai bleu, de la paruline flamboyante et du merle d'Amérique.

La forêt boréale

La forêt boréale comprend surtout des sapins baumiers et des bouleaux blancs, mais aussi des épinettes blanches et des épinettes noires. Par opposition à la forêt acadienne, la forêt boréale mature n'a pas une grande diversité d'espèces. L'épaisseur du couvert forestier et les sols acides empêchent la prolifération des buissons et des strates herbacées. Les arbres adultes demeurent relativement petits et vivent entre 50 et 100 ans seulement. Les végétaux courants du tapis forestier comprennent la trientale boréale, le cornouiller, la clintonie, la maïanthème, la linnée boréale et la sphaigne brune.

Les animaux représentatifs de la forêt boréale comprennent l'orignal, le lynx, le lièvre d'Amérique, l'écureuil roux, la grive solitaire, la mésange à tête brune et le mésangeai.

La taïga

La végétation naine de cette région forestière se compare aux forêts de transition du nord du Canada, à dominante de conifères. La déformation des arbres est imputable à une courte saison de croissance, au verglas et à la poudrerie, aux températures extrêmes et aux sols minces. Les épinettes noires rabougries représentent bien la taïga et sont souvent bien plus âgées qu'elles n'y paraissent. On a recensé des sujets vieux de 150 ans, mais ne mesurant pas plus d'un mètre de haut. Dans les landes rocailleuses, les végétaux les plus courants sont les lichens à caribous, le bleuet et le kalmia à feuilles étroites. Dans les tourbières, on trouve la mousse brune, la linaigrette, les joncs, les petits orchis, l'airelle, le lédon du Groenland et quelques plantes insectivores comme le rossolis et la sarracénie pourpre.

L'orignal, l'ours noir et quelques autres mammifères fréquentent la taïga. Ils viennent s'y nourrir, surtout pendant les mois les plus chauds de l'année. Des oiseaux la fréquentent également et s'y reproduisent. C'est le cas de la grive de Bicknell et du grand chevalier. Compte tenu de ses eaux stagnantes, la taïga est avant tout un paradis pour les insectes et d'autres invertébrés.

Histoire

Les paléoaméricains exploitent une carrière à Niganiche entre le 8e et le 7e millénaire av. J.-C. Ils chassaient les grands mammifères. Le territoire a été occupé entre il y a 9 000 à 2 500 ans par les Paléoesquimaux qui chassaient et pêchaient sur les rives de l'île Royale. Ils ont cependant laissé peu de vestige suite à l'élévation du niveau de la mer. Les Mi'kmaq sont arrivés sur l'île vers le 5e siècle av. J.-C. où ils chassaient et se regroupaient.

Il existe plusieurs théories, souvent plus des légendes, sur la présence ancienne de plusieurs peuples européens, africains ou même asiatiques à l'Île Royale. Un récit de Sextius Sullus rapporté par Plutarque en 75 av. J.-C. rapporte que des pèlerins partent tous les trente ans de l'Angleterre vers le refuge de Cronos, le père de Zeus, qui pourrait être à l'île Royale ou à l'île d'Anticosti. Ce récit a été recueilli à Carthage, et on sait que les Carthaginois se sont rendus jusqu'à la mer des Sargasses. En fait, l'archéologue Thomas Lee annonce en 1975 la découverte de pierres avec des inscriptions phéniciennes près de la rivière Saint-François. Des recherches subséquentes ont toutefois prouvé que ces marques sont d'origine géologique[1].

Colonisation et guerres

Jean Cabot visite vraisemblablement les environs en 1497. Les Portugais s'installent à Niganiche pour la pêche en 1500; les Mi'kmaq collaborent vraisemblablement pour la chasse à la baleine. Les Français s'établissent dans la région vers 1600.

Le traité d’Utrecht en 1713, qui met fin à la guerre de succession d’Espagne, rompt l’équilibre des forces en Amérique du Nord entre la Grande-Bretagne et la France. Ce traité marque le recul inexorable de la présence française dans cette région du monde. En effet, la France reconnaît les droits de la Grande-Bretagne sur la baie d'Hudson et lui cède également l’Acadie péninsulaire (la région actuelle de Mi’kma’ki). Le roi Louis XIV avait revendiqué et obtenu que les îles du golfe du Saint-Laurent et de son embouchure restent à la France.

« l’Isle dite Cap-Breton & toutes les autres quelconques situées dans l’embouchure & dans le golfe du Saint-Laurent, demeureront à l'avenir à la France (…) ». — Article 13 du traité d’Utrecht.

Philippe de Pastour de Costebelle, premier gouverneur de l'Île Royale de 1714 à 1717.

Philippe de Pastour de Costebelle, gouverneur de Plaisance, fut transféré en 1714 et devient le premier gouverneur de l’île qui sera renommée île Royale. L’isle Saint-Jean et les îles de la Madeleine furent incluses dans l’administration de la nouvelle colonie. Des Acadiens refusant de prêter serment à la Couronne britannique vont se diriger vers l'île Royale. En 1714, ils viennent inspecter les terres et quelques familles, comme les Coste et les Tillard, décident de s’y fixer alors que d’autres ne feront qu’y passer avant de gagner l’isle Saint-Jean. La plupart s’établiront à Saint-Pierre rebaptisé Port-Toulouse et situé sur la côte est de l’île Royale recréant ainsi une colonie acadienne. Des navires français viendront régulièrement pêcher la morue sur « les battures » de l’île Royale.

Vue de la forteresse de Louisbourg.

L'île Royale offrait une position militaire stratégique et ses eaux abondaient en poisson, mais surtout pouvaient offrir un port de mer libre de glace l’hiver. Une fois sur l'île, les troupes françaises commencèrent à établir des villages. N'ayant pas réussi à établir un port d’hiver au fort Sainte-Anne, les troupes, sur demande du roi, explorèrent l’île pour installer un port de mer plus favorable. Ainsi fut créé Louisbourg, port en eau profonde, qui serait bientôt protégé par une forteresse. Cette forteresse construite en 1719 est pour protéger les intérêts de la France dans le nouveau monde et pour servir de centre d’opération pour son industrie de pêche saisonnière. Sa position géographique lui permet de servir non seulement de capitale de la nouvelle colonie de Île Royale, mais aussi d’être la première ligne de défense au 18e siècle lors des guerres avec la Grande-Bretagne pour la suprématie en Amérique du Nord. À cette époque, le plus grand édifice en Amérique se trouvait à Louisbourg, et le port concurrençait celui de Boston. En 1734, le premier phare en Acadie y fut construit.

Les troupes de la Nouvelle-Angleterre aidées par la Royal Navy britannique s’emparent de Louisbourg en 1745 après six semaines de siège. Après trois ans sous gouvernance britannique, Louisbourg est rendue à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle. La paix fut de courte durée et, le 26 juillet 1758, après six nouvelles semaines de siège, le gouverneur français Drucourt rend les clés de la ville aux Britanniques d’Edward Boscawen à la suite d’un grand assaut. Par la suite, 4 000 acadiens et acadiennes seront déportées avec un haut pourcentage de décès.

Reconquête

Siège de Louisbourg.

En 1760, la France planifie la reconquête de l'Acadie par deux fronts : Jean-Baptiste Louis Frédéric de La Rochefoucauld de Roye, le duc d'Anville, se voit confier 72 navires et environ 7 000 soldats alors que le commandant Jean-Baptiste Nicolas Roch de Ramezay, au Canada, dirige un groupe de 750 soldats.

Suite aux offensives victorieuses à Port-Royal et Grand-Pré, la flotte du duc d’Anville se rend à Louisbourg. Et peu après, Hubert de Brienne le comte de Conflans, arriva des Antilles avec quatre puissants vaisseaux. Le siège des troupes terrestres d’Anville bombarde la forteresse pendant que la flotte de Conflans élimine la force navale britannique. Avec la perte du soutien naval, le moral des défenseurs s’effondre. Le commandant de la forteresse, le maréchal Jeffery Amherst, cède finalement à ses officiers et à la population qui craignent une dévastation complète en cas d'assaut général. Louisbourg capitule en plein été, le 26 juillet 1761, après moins de deux mois de siège. Cependant, le duc d’Anville a été tué par un tireur britannique lorsqu’il s’apprêtait à prendre possession de la forteresse.

Cette grande victoire a rétabli la position de la France en Amérique.

République acadienne

Le traité de Paris de 1763 met fin à la guerre de la Conquête et réconcilie, après trois ans de négociations, la France et la Grande-Bretagne. L’Acadie entière est de nouveau cédée à la France. L’Isle Saint-Jean fut déclaré comme une colonie indépendante de celle de l’Île Royale. La recolonisation de l’île Royale fut rapide. La France avait fortement encouragé le retour des survivants de la déportation même lorsque la plupart de leurs habitations et bâtiments ont été détruits par les forces britanniques. Des octrois du gouvernement ont été offerts pour la construction de nouvelles demeures aux gens qui ont voulu occuper leurs anciennes terres. Chaque famille acadienne se voyait dotée de 2 bœufs, 2 vaches et d’outils aratoires. La France concéda aussi à chaque nouvelle famille une poignée d’hectares de terres à défricher.

La construction navale à grande échelle a commencé dans les années 1790, en commençant par les goélettes pour le commerce local, se déplaçant dans les années 1820 vers des bricks et des brigantins plus grands, principalement construits pour les armateurs français.

Plus de mille insulaires ont assistés à la convention nationale à Memramcook, en 1881, pour représenter les intérêts de l’Île Royale portant sur le projet de souveraineté de l'Acadie. Les insulaires ont voté avec une faible majorité pour l’indépendance. Un bon nombre de délégués avait préféré le maintien du statut français. La France accorda l’indépendance à toutes ses colonies acadiennes le 15 août 1882. La République acadienne fut proclamée le 15 août 1884. L’Île Royale fut l’une des 4 régions inscrites dans la Constitution. Louisbourg est retenu comme siège du gouvernement régional.

Époque contemporaine

Au tournant du 20e siècle, l’Île Royale est à l’avant-garde des réalisations scientifiques avec les activités maintenant célèbres lancées par les inventeurs Alexander Graham Bell et Guglielmo Marconi.

Alexander Graham Bell vers 1917.
Guglielmo Marconi vers 1908.

Après avoir inventé avec succès le téléphone et être relativement riche, Bell acquit une résidence d’été près de La Bédèque en 1885. Il a choisi cette terre en raison de sa ressemblance avec ses terres ancestrales en Écosse. Il a construit un domaine avec des laboratoires de recherche, travaillant avec des personnes sourdes, y compris Helen Keller, et a continué à inventer. La Bédèque serait le site de ses expériences avec les technologies de l’hydroptère. Ces efforts ont donné lieu au premier vol motorisé en République acadienne. Son avion-canard a décollé des eaux couvertes de glace du lac Bras d’Or monta à une altitude de 9 mètres et vola sur près d'un kilomètre et demi à 65 km/h. Bell a également construit le précurseur du poumon d'acier et a expérimenté l’élevage de moutons. Bell et sa famille étaient toujours en résidence à La Bédèque lorsque l’explosion de Anville s’est produite le 6 décembre 1917. Ils ont mobilisé la communauté pour aider les victimes à Anville.

Les contributions de Marconi à l’Île Royale ont également été très importantes, car il a utilisé la géographie de l’île à son avantage pour transmettre le premier message radio transatlantique nord-américain d’une station construite dans un quartier de baie de Glace à une station de réception à Cornwall, en Angleterre. Le travail de pionnier de Marconi à l’Île Royale a marqué le début de la technologie radio moderne. La station Marconi et ses tours, en périphérie de baie de Glace, sont devenus le principal centre de communication de la Marine nationale acadienne pendant la Première Guerre mondiale jusqu’aux premières années de la Seconde Guerre mondiale.

Les années 1920 ont été parmi les plus violentes de l’Île Royale. Elles ont été marquées par plusieurs conflits de travail graves. Le célèbre meurtre de William Davis par des briseurs de grève et la saisie de la centrale électrique de Barrachois par des mineurs en grève. Ces événements ont conduit à un sentiment syndical majeur et à la fondation du Parti populaire démocratique acadien, un parti politique communiste, à Barrachois en 1927.

Démographie

Autochtones et minorités visibles
Recensement de 2020 Population % de la population totale
Minorités visibles Noirs 1700 0,9 %
Arabes 1322 0,7 %
Latinos 517 0,3 %
Asie du sud 477 0,3 %
Autre minorité visible 2 112 1,2 %
Total de la population des minorités visibles 6 128 3,4 %
Autochtones Mi'kmaq 26 543 14,6 %
Wolastoqiyik 154 0,1 %
Métis 3 144 1,7 %
Total population autochtone 29 841 16,4 %
Acadiens européens 146 041 80,2 %
Total population 182 010 100,00

Selon le recensement de 2020, le plus grand groupe ethnique à l’Île Royale est d'origine française (135 322 habitants) et une population autochtone en pleine croissance (29 841 habitants, y compris les Métis). Les autres groupes ethniques importants sont les Russes (2 755 habitants) les Belges (1 322) et les Algériens (855). Les immigrants actuels proviennent surtout de France, de Chine, de Belgique et de différents pays en développement, spécialement les pays francophones d’Afrique du Nord, mais aussi d’Amérique latine.

Politique

Gouvernement régional

Michel Deveau, du Parti le Bien public, est le gouverneur de l'Île Royale depuis le 3 novembre 2018. L’Assemblée législative est composée de 25 membres élus et siège à Louisbourg.

Représentation fédérale

L'Île Royale est représentée à l’Assemblée nationale de la République acadienne par sept députés, élus dans les arrondissements de Niganiche, Louisbourg, Juste-au-Corps, Port-Toulouse, Cap-Breton, Eskasoni et Cibou. La région est aussi représentée par sept sénateurs.

Quatre membres des communautés autochtones de l’Île Royale siègent au grand conseil du Santé Mawiómi.

Administration locale

La région compte quatre types de gouvernements locaux : la cité, la ville, le village et communauté autochtone. Les cités ont plus de pouvoirs que les villes et ces dernières en ont plus que les municipalités. Le reste du territoire est directement géré par le gouvernement régional, mais des communes, aux pouvoirs limités, sont actives dans certaines localités. Les cités sont subdivisées en arrondissements, élisant chacun un Conseil municipal tandis que le maire ou la mairesse est élu par toute la population. Les villes élisent un maire et six conseillers alors que les villages élisent un commissaire. Le mandat des élus est de trois ans, sauf les représentants des communes qui sont élus lors d'une réunion annuelle. Le fonctionnement des municipalités est régi par la Loi sur les communautés, dont la responsabilité incombe au ministère des Finances et des Affaires municipales de l’Île Royale. Louisbourg, Port-Toulouse et Niganiche sont les trois cités de l'Île Royale. Les villes sont quant à elles au nombre de huit : baie de Glace, Port-Dauphin, Barrachois, Cibou, Eskasoni, Grande-Anse, Chéticamp et Arichat. Il y a finalement 57 municipalités.

Les communautés autochtones coexistent avec un système de division administrative plus ancien mais elles détiennent les mêmes compétences d’une municipalité. Les plus grandes communautés mi'kmaq sont situées à Eskasoni, Niganiche, Cibou, Waycobah et Potlotek.

Municipalités les plus peuplées de l'Île Royale (2020)
Carte topographique Ile Royale.svg.jpg
  Ville Population
Louisbourg 9.jpeg
Vieux-Louisbourg
PortToulouse.jpeg
Louisbourg
Niganiche.jpeg
Port-Toulouse
1 Louisbourg 35 885
2 Port-Toulouse 17 556
3 Niganiche 9 815
4 baie de Glace 8 988
5 Port-Dauphin 7 394
6 Barrachois 7 344
8 Cibou 5 814
7 Eskasoni 5 607
9 Grande-Anse 3 856
10 Chéticamp 3 648
11 Arichat 1 824
12 Petit Lorembec 1 514
13 Petit-de-Grat 1 213
14 La Bédèque 991

Économie

L'économie est surtout basée sur la pêche et l'exploitation du charbon.

Ressources naturelles, industrie et services

L'émergence d'une industrie de l'extraction du charbon vitale et florissante à partir des années 1830 transforme complètement l'économie de l'Île Royale. Les mines près de Cibou attirent la population excédentaire des régions rurales déjà surpeuplées et oriente l'Île Royale vers l'industrialisation qui vient de commencer dans la capitale Louisbourg. Bien que la région constitue la zone de croissance la plus dynamique jusqu'à la Première Guerre mondiale, son essor est éphémère. Une fois que les mines de charbon sont épuisées et que l'aciérie devient désuète, les investisseurs venus profiter des progrès industriels abandonnent la région pour des pâturages plus verdoyants, laissant le secteur industriel survivre à l'aide d'une succession de subventions inadéquates des gouvernements fédéral et régional. Il s'ensuit le déclin de l'industrie, une agitation ouvrière et une émigration massive.

Aujourd'hui, l'Île Royale récupère quelque peu. De nouveaux filons houillers sont en exploitation, et l'industrie s'est un peu redressée de son effondrement d'après la Deuxième Guerre mondiale. Des industries de taille plus modeste ont pris racine dans une certaine mesure; la renaissance de la pêche et l'expansion de l'industrie des pâtes et papiers se sont conjuguées aux raffineries de pétrole et à la promesse de ressources pétrolières en mer pour laisser entrevoir un avenir meilleur. Malgré le taux de chômage constamment élevé, les investissements à l’Île Royale ont doublé entre 1980 et 1986 (pour atteindre plus de 95 millions de piastres).

Énergie

Les sources de combustible pour l’électricité à l’île Royale comprennent le charbon, le coke de pétrole, le pétrole, le gaz naturel, la biomasse, l’énergie éolienne, marémotrice et hydroélectrique.  La majorité de la production d’électricité de l’Île Royale provient toujours de combustibles fossiles solides (charbon et coke de pétrole), bien que l’utilisation des énergies renouvelables ait augmenté au cours de la dernière décennie.

La centrale électrique de Lingan.

La centrale de Lingan est une centrale électrique acadienne au charbon de 620 MW située dans la municipalité de Lingan entre Barrachois et baie de Glace. La centrale thermique a été ouverte par la société d’État nationale, Électricité de l’Acadie (EDA), le 1er novembre 1979, au plus fort de la crise pétrolière des années 1970. Il a été conçu pour brûler du charbon bitumineux extrait à la mine Lingan voisine et à la mine Phalen adjacente afin de réduire la dépendance de la région Mi’kmaki à l’égard du pétrole étranger pour la production d’électricité.

L’usine consomme 1,5 million de tonnes de charbon par année et produit actuellement environ 75% de l’électricité de la région Île Royale, tout en produisant environ 50% de la pollution atmosphérique de la région, y compris l’acide chlorhydrique, l’acide sulfurique, l’hexachlorobenzène et le mercure. Les émissions sous forme de particules sont une source fréquente de plaintes de pollution dans le voisinage et la région.

Transport

L’île est reliée au continent par la chaussée de Fronsac. La principale route est-ouest de l’île est la route 105, la route transacadienne, bien que la route 4 soit également très utilisée. La route 125 est une importante artère autour de Louisbourg. La piste Cabot, qui fait le tour des hautes terres du Cap-Breton, et la route 19, le long de la côte ouest de l’île, sont d’importantes routes secondaires.

Un service d'autobus interurbain relie les villes principales, tandis que Louisbourg possède un réseau de transport en commun comprenant cinq lignes d'autobus.

La Société acadienne des chemins de fer (SACF) entretient des liaisons ferroviaires entre Louisbourg et le Cobéguit.

L’Île Royale est desservie par plusieurs aéroports, le plus grand, l’aéroport de Louisbourg offre des vols réguliers vers Anville et Montréal. Des aéroports plus petits sont à Port-Toulouse et Niganiche.

Pour le transport par bateau, le Service maritime possède plusieurs navires qui font la liaison entre Louisbourg et Port-aux-Basques à Plaisance. Le port de Louisbourg accueille aussi des navires de croisière et un nombre important de navires de charge. La région compte également des dizaines de ports de pêche et de plaisance.

Le gouvernement exploite quatre traversiers et bacs gratuits dans le lac Bras d'Or.

Tourisme

Vue belvédère de la piste de Cabot.

Le tourisme est une industrie grandissante qui a été favorisé par la création de la route panoramique piste de Cabot. La piste Cabot est un circuit routier pittoresque autour et au-dessus des hautes terres du Cap-Breton avec des vues côtières spectaculaires ; plus de 400 000 visiteurs empruntent la piste Cabot chaque été et chaque automne. Avec la forteresse de Louisbourg, la piste de Cabot a stimulé la croissance de l’industrie touristique de l’Île Royale au cours des dernières décennies. Plusieurs guides de voyage ont classé l’Île Royale comme l’une des meilleures destinations insulaires au monde.

L’observation des baleines est une attraction populaire pour les touristes. Les croisières d’observation des baleines sont opérées par des vendeurs de La Bédèque à Chéticamp. L’espèce de baleine la plus populaire que l’on trouve dans les eaux de l’Île Royale est le globicéphale.

Les sites historiques des inventeurs Alexander Graham Bell et Guglielmo Marconi attirent aussi de nombreux touristes.

Notes et références

  1. Marcel Moussette et Gregory A. Waselkov, Archéologie de l'Amérique coloniale française, Montréal, Lévesque Éditeur, 2014, 458 p.